Annasyo

Sad little girl with taped mouth and her father drinking alcohol on background

Communication du Pervers Narcissique : partie 2 : le harcèlement moral

Lors du précédent podcast nous avons abordé les modes de communication du PN- partie I, sur la communication insidieuse.

Aujourd’hui nous allons aborder un autre type de communication, plus violent encore : il s’agit du harcèlement moral visant la destruction de la victime.

Comme nous l’avons vu, un des moteurs du PN est l’emprise ; prendre possession de l’autre pour combler un vide intérieur.

Le Docteur Marie-France Hirigoyen dans « le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien » nous démontre parfaitement « ces mécanismes d’attaques perverses. Ces agressions relèvent d’un processus inconscient de destruction psychologique, d’un ou plusieurs individus, sur un individu désigné ».

« Le ou les agresseurs se grandissent en rabaissant l’autre, lui permettant ainsi d’éviter tout conflit intérieur et tout état d’âme, faisant porter à l’autre la responsabilité de ce qui ne va pas. Pas de culpabilité, pas de souffrance, il s’agit là de perversité au sens de la perversion morale ».

Au-delà des mots et techniques utilisées, c’est aussi leur répétition et leur fréquence qui en font une arme de destruction morale.

I/ Le PN va utiliser tout un discours, à l’abri du regard extérieur, visant à culpabiliser, dénigrer, calomnier sa victime, à répétition.

Pourquoi ? tout est bon pour maintenir son emprise et maintenir la victime dans la peur & la sidération.
Il en ressort un véritable harcèlement du PN sur sa victime qu’elle soit l’autre parent ou même son enfant.

  • Les attaques peuvent viser à faire porter la responsabilité des choses, à culpabiliser, à humilier voire à faire passer l’autre pour fou : tout ce qui arrive est bien évidemment de sa faute, du fait de sa folie ou bien du fait de son irresponsabilité…

Ce sont des mots du type  « Il est vraiment temps que tu arrives à te stabiliser moralement et à avoir un esprit plus positif, comme moi » répétés et répétés,  « Tout démontre ton attitude irresponsable, irrespectueuse ainsi que ton comportement excessif, agressif et violent, que tu es sans foi ni loi ». il y a ici, non seulement des attaques mais aussi beaucoup de projection

  • Le sarcasme / la moquerie comme manière d’humilier : « je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire de toi ».
  • Les attaques visant à accuser la victime par exemple de mensonge : exemple « par honnêteté intellectuelle, tu aurais dû », « tes propos dont je récuse la véracité », « tes propos infondés », « propos inappropriés comme je viens de te le démontrer »,  «  la véracité de tes propos serait-elle si difficile à expliquer » ?
  • Les attaques visant à faire passer l’autre pour mauvais parent notamment dans le cadre des séparations

« c’est humainement et parentalement fort regrettable de ta part »

« Ton entrave au dialogue parental »

« dans l’intérêt et le bien-être des enfants que tu souhaites ? »

« au détriment de l’intérêt et du bien-être des enfants »

  • Les menaces et son positionnement dans la toute-puissance et souvent au-dessus des lois

« moi et mon avocat », « comme le juge te le dira », « comme la police te le dira» …

  • L’utilisation de la morale

 « tu recoltes ce que tu sèmes », « il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre », « il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir » etc…

Bref, il s’agit là de tout un processus accusatoire visant « la destruction morale , s’attaquant à l’identité de l’autre et à lui retirer toute individualité », comme expliqué par le docteur Marie-France Hirigoyen.

Ces attaques vont placer la victime dans la peur et la sidération bloquant ainsi toute réaction possible.

-Elles peuvent être faites soit de manière directe, à l’abri des regards extérieurs, comme évoqué dans les exemples soit de manière insidieuse (par des sous-entendus et allusions notamment).

-Elles peuvent également se faire de manière indirectes : le PN utilise régulièrement des intermédiaires pour faire passer ses messages, se faisant passer pour victime. Tout est bon les médecins, l’école, les activités extra-scolaires…  etc. etc…sans oublier bien-sûr sa famille qu’il mêle à son combat.

-Enfin elles se font à l’oral ou à l’écrit : sous formes de diarrhées verbales.

II/ Pour une enfance protégée, c’est aussi ; l’enfant au cœur du sujet. Qu’en est-il donc de la communication du parent pervers vis à vis de son enfant ?

Toutes ses attaques peuvent aussi bien porter le parent victime que sur les enfants, eux-mêmes.

Typiquement ce sont des mots répétés et encore répétés du type :

-« tu n’es pas ma fille/ mon fils »

-« j’ai l’impression de voir ta mère/ ton père » (tel Médé, l’enfant devient la représentation d’un autre que le PN déteste)

-« comment ai-je fait pour avoir un enfant comme toi ? »

-« si tu pars avec lui, je ne voudrai plus jamais te voir », « si tu pars avec elle, je vais mourir ». (chantage affectif)

-Des menaces « tu vas le payer cher » si l’enfant ose réagir.

Ces attaques peuvent être faites directement auprès de l’enfant, à l’abri de l’extérieur ainsi que par l’utilisation d’intermédiaires.

L’enjeu ici, c’est la réelle maltraitance psychologique issue non seulement par des mots mais aussi de leur répétition au quotidien.

Ces attaques laissent des traces indélébiles brisant l’estime de soi de l’enfant.

L’enjeu est donc à court et à plus long terme.

III/ Pour une enfance protégée amène donc à se poser quelques questions :

1/ Dans un tel contexte, le dialogue entre le parent PN et l’enfant est-il possible voire souhaitable étant donné qu’il y a violence psychologique ? Quid des symptômes de la maltraitance psychologiques tels que angoisse, peur, domination, agitation ?

2/ Dans un tel contexte, bien que généralement demandé par le parent PN, qui s’alimente de cela, le dialogue est-il souhaitable quand il n’a pas pour but de résoudre un problème mais d’avoir l’emprise sur l’autre et donc ici son enfant ?

3/ Dans un tel contexte, la notion de dialogue même a-t-elle du sens dans la mesure où le responsable c’est vous ou votre enfant, sans ouverture possible, sans doute possible.

4/ Peut-on réellement parler de dialogue quand il y a rapport de force ?

Il semble, de tout ce que nous avons, vu que forcer un enfant au dialogue avec son parent PN aboutisse au contraire à une forme de maltraitance additionnelle où l’enfant va encore subir son bourreau.

IV/ Solution :  je repose l’importance de se faire aider par une personne extérieure , formée et spécialisée sur le sujet tant pour soi-même que pour son enfant,

pour non seulement détecter les technniques de communication du pervers narcissique

-pour savoir dire non,

pour avoir un filtre extérieur qui puisse permettre à la victime de mettre de la distance et aider à sortir du jeu manipulatoire.

Merci au

Docteur Marie-France Hirigoyen

Psychiatre, Psychanalyste et psychothérapeute familiale

Livre : « le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien »