Être parent, ce n’est pas juste être présent physiquement. C’est bien plus.
Les Neurosciences affectives et sociales ont démontré qu’un enfant a des besoins essentiels pour se développer.
Au-delà d’être présent, l’enfant a besoin que le parent lui porte attention, fasse preuve d’empathie, le soutienne, le comprenne dans ses besoins et dans sa position d’enfant. Enfin il a un besoin vital d’amour.
Grandir avec un parent Pervers narcissique a des effets délétères.
Il en va de la construction même de l’enfant et de son cerveau à court terme et plus long terme.
Quels sont donc les besoins de l’enfant dans sa construction ?
Quel est l’impact, pour un enfant, d’avoir un parent PN ?
Quelles sont donc les solutions ?
I. Un enfant de PN c’est quoi ?
C’est un enfant, comme déjà développé,
– qui est sous emprise
– qui n’est pas considéré comme sujet mais comme objet cf article « Qui est le Pervers Narcissique?«
Selon le niveau de perversion subi, l’enfant de pervers narcissique est d’abord victime de violences psychologiques insidieuses puis directes, voire également de violences physiques.
1/ La maltraitance psychologique insidieuse est le premier degré exercé par le parent pervers narcissique. L’enfant subi ici notamment
-le double discours : il entend tout et son contraire, un discours où mensonge et vérités sont mêlés,
-des ordres contradictoires impossibles à respecter
-des consignes, exigences excessives et disproportionnées à son âge
-des propos où l’image du parent opposé est constamment cassée
-les insinuations et sous-entendus
-la culpabilisation permanente avec une inversion des faits (je me sacrifie pour toi, je t’aime et c’est à cause de toi que je travaille…)
Cf article « Techniques de communications partie 1 » qui porte sur une communication de type insidieuse.
2/ Puis viennent ensuite les violences psychologiques directes telles que :
-Intimidation, menaces
-Dénigrement, marginalisation systématiques
-Propos méprisants, humiliation, dévalorisation
-Harcèlement
-Isolement (avec interdictions de fréquenter des amis, des collègues, de voir la famille ou de parler avec des proches)
-Contrôle systématique de la vie de l’enfant
L’enfant de PN doit aussi faire face à des mises en danger délibérées. Il n’est pas surveillé, n’a aucun cadre, voire est poussé, par le parent déviant à avoir des actes interdits par la loi.
Enfin, il est également souvent « parentifié », c’est à dire que le parent pervers narcissique le place dans une position non pas d’enfant mais d’adulte. Les rôles sont inversés : l’enfant devient responsable de son parent déviant. Il prend l’habitude de le protéger et de s’en occuper. L’enfant, lui, se débrouille seul : fait ses repas seul, ses devoirs et n’a pas le droit de voir ses amis faute de représailles.
Il devient même parfois le confident, voire « le psy » de ce parent pervers qui lui raconte tous ses malheurs.
II/ Mais quels sont les besoins d’un enfant, pour son bon développement?
- Maslow catégorise 5 niveaux de besoins.
-besoins physiologiques (boire, manger, dormir…)
-besoins de sécurité (morale, corps, famille, santé)
-besoins d’appartenance (amour-amitié-groupe-famille)
-besoin d’estime (confiance & respect de soi, reconnaissance et appréciation des autres)
-besoin de s’accomplir (se réaliser et donner du sens)
Il n’y a pas de distinction entre les besoins des enfants et des adultes. En revanche, l’enfant, dès le plus jeune âge, a des besoins essentiels pour son bon développement : notamment un besoin de sécurité qui est fondamental.
- John Bowlbi psychiatre et psychanalyste a développé la théorie de l’attachement. Son principe est qu’un jeune
enfant a besoin de développer une relation d’attachement avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon cohérente et continue, pour connaître un développement social et émotionnel normal.
Il définit 4 types d’attachements : l’attachement secure, l’attachement insecure , l’attachement ambivalent et enfin attachement désorganisé.
La qualité de l’attachement dépend de la manière dont l’adulte, la plupart du temps le parent, répond aux signaux émotionnels de l’enfant ;
- Dans l’attachement sécure le parent réagit avec l’enfant, se montre sensible, attentif, stable et soutien son enfant. Le parent est présent pour le réconforter, le protéger en cas d’agression. Il fait preuve d’empathie en se mettant à la place de l’enfant et en répondant à ses signaux émotionnels. L’enfant se construit donc avec une base de sécurité solide . Il acquiert alors confiance en lui, en sécurité pour explorer son environnement et développe son autonomie. Il se développe de manière harmonieuse.
- Dans l’attachement insecure ou évitant : le parent/ la figure d’attachement se montre distant, réagit peu aux besoins de l’enfant, le rejette, le critique voire réagit avec colère. L’enfant se construit alors en expérimentant le rejet, en mettant un couvercle sur ses émotions. Il est isolé émotionnellement, dans l’auto centrage. Il va se construire seul, dans le stress, dans la peur du monde et parfois dans l’auto-agression.
- Dans l’attachement ambivalent : le parent/ la figure d’attachement est un coup- là, un coup pas là, avec une incohérence dans les réponses. L’enfant qui va développer donc se développer dans le stress et l’insécurité. Il se sent abandonné émotionnellement. Il peut aussi développer un comportement antisocial et agressif.
- Enfin pour l’attachement « désorganisé » : le parent/ la figure d’attachement réagit de façon imprévisible, faisant peur et souffrant souvent d’addictions. L’enfant va alors se construire à la fois dans une grande anxiété et dans la tristesse. Il sera soit passif voire figé et en réelle situation de détresse, soit en situation d’aller chercher la sécurité à l’extérieur auprès d’inconnus. Il aura une très faible estime de lui-même. A répétition, l’attachement désorganisé peut engendrer des troubles dissociatifs voire une personnalité Borderline.
En conclusion : la qualité de l’attachement dépend de la manière dont l’adulte répond aux signaux émotionnels de l’enfant .
L’empathie a un rôle essentiel dans le bon développement de l’enfant lui permettant d’acquérir confiance en lui, estime de lui, de bonnes relations avec les autres, autonomie et enfin un bon équilibre émotionnel.
L’enfant a besoin que le parent lui porte attention, le soutienne, le comprenne dans ses besoins et dans sa position d’enfant. Enfin il a un besoin vital d’amour.
A l’inverse, l’absence d’empathie et de prise en considération de l’enfant, de ce qu’il est et de ses émotions va créer un développement insécurisé de l’enfant qui va développer des troubles du comportements.
En conclusion, un enfant de pervers narcissique est vous l’aurez compris, un enfant qui n’est pas entendu dans ses besoins. Car seuls les besoins du parent pervers narcissique comptent.
Qu’en est-il donc ?
*Un enfant de PN c’est un enfant qui vit dans l’insécurité totale et qui est en situation de stress chronique. Quid de son développement à terme ?
*Un enfant victime de PN, c’est un enfant qui est dans une relation d’emprise, c’est à dire de pouvoir . S’agit-il là d’une relation d’amour ?
*Quid de son développement à court et moyen terme, sachant qu’un enfant de PN, c’est un enfant qui va perdre l’estime de lui-même et donc l’amour de lui-même ?
A court terme, on peut déjà noter différents impacts : cela commence tout d’abord des maladies récurrentes, puis des troubles du comportement, pour finir par de véritables traumas de l’enfance.
En conclusion, un enfant victime de parent pervers narcissique est un enfant en danger et ce d’autant plus que son cerveau est en construction, immature et vulnérable.
Il en va donc bien de son développement psychique à court terme et plus long terme.
III/ Solutions : alors que faire ?
Il convient de
-Protéger l’enfant car il est vulnérable
-Le faire accompagner dans tous les cas sur le plan thérapeutique par des médecins (psychanalystes, psychiatres) et spécialistes de la perversion narcissique tant pour son bien-être à court terme que plus long terme, pour qu’il ne reproduise pas, plus tard ces mêmes schémas pervers.
-Faire en sorte qu’il puisse se développer avec un parent ou une figure d’attachement (souvent quelqu’un d’autre de la famille) sur laquelle il pourra s’appuyer et se développer et ce, de manière durable.
L’enfant a besoin d’une figure qui soit respectueuse de son bien-être, ouverte, sécurisante, non jugeante et également pilier qui mette un cadre et sache lui dire non.