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Le Harcèlement Moral

Le premier à avoir étudié la perversion narcissique et le harcèlement moral, est Paul-Claude Racamier. Le concept a ensuite été étendu avec les travaux du Docteur Hirigoyen, notamment en ce qui concerne le harcèlement au travail. Le harcèlement moral s’exerce également dans la vie privée. Il s’agit d’une vraie prédation morale.

Dans cet article découvrons donc, ce que le harcèlement comprend du point de vue de la loi, en s’appuyant sur les travaux de Maître Laurent Hincker, spécialiste du sujet, les caractéristiques de ceux qui harcèlent dans la vie privée, les techniques utilisées, les conséquences notamment en ce qui concerne les enfants, pour finir par les solutions.

I/ Qu’est-ce que le harcèlement moral ?

En préambule, notons que le harcèlement moral concerne autant les hommes que les femmes.

  • Comment peut-on le définir ?

Le harcèlement moral s’intègre dans l’ensemble des problématiques des violences. Comme déjà évoqué, il s’agit d’une véritable prédation morale.

Dans sa définition, il s’agit de toute conduite abusive : geste, parole, conduite, attitude qui porte atteinte par sa répétition ou sa systématisation à la dignité ou l’intégrité psychique de l’être humain.

Harceler une personne, c’est aussi avoir « des propos ou comportements répétés ayant pour effet une dégradation de ses conditions de vie, se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale »

  • Du point de vue de la loi, quels sont les types de harcèlement reconnus comme  délits ?
    • le harcèlement sexuel
    • le cyber-harcèlement
    • le harcèlement moral (dans la vie privée ou au travail)

Le harcèlement moral était, au départ, limité aux personnes dans un couple (conjoints mariés, pacsés ou concubins et ou ancien concubin ou partenaire ) comme l’évoque Maître Laurent Hincker -spécialiste du sujet du harcèlement moral et des violences psychologiques, depuis plus de vingt ans- dans son livre, « le harcèlement moral dans la vie privée : connaître la loi pour mieux l’appliquer ».

Maître Hincker souligne également l’importance de distinguer le harcèlement moral -qui comme évoqué dans sa définition, est caractérisé par la répétition- de la violence psychologique qui, elle, est ponctuelle. La violence psychologique « se caractérise par un choc émotif ou une perturbation psychologique ».

  • Zoom sur le harcèlement moral dans la vie privée 

Aujourd’hui le harcèlement moral est étendu à toute personne qui harcèle et pas uniquement aux personnes dans un couple.

Ici encore, il s’agit d’une infraction pénale consistant à harceler l’autre par des agissements répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale…puni

*de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende lorsque les faits ont causé une ITT inférieure ou égale à 8 jours ou n’ont entraîné aucune incapacité de travail

*de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende lorsqu’ils ont causé une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours.

II/ Caractéristiques de celui qui harcèle dans la vie privée :

Le harcèlement est une caractéristique propre des Pervers Narcissiques (hommes ou femmes).

Pour rappel le/la PN dispose d’un vide intérieur, d’une faille narcissique et pour combler ce vide il/ elle va chercher à avoir de l’emprise sur l’autre, sa victime.

Caractéristiques que l’on retrouve chez l’agresseur :

-il/elle dispose d’une pensée étriquée, qui le fait agir pour exister

-Il/elle mène un combat contre l’autre, avec un besoin incessant de s’assurer que l’autre est dominé et qu’il a le contrôle sur l’autre -qu’il considère comme objet- d’où la répétition incessante

-enfin, il/elle met en place une attaque du moi de l’autre, par une disqualification habile et subtile, une véritable machine à démolir.

III/ Quelles sont les techniques et outils utilisés dans la vie privée ?

  1. Les techniques : stratégies sont les même que celles du harcèlement au travail
  • Par la victimisation de sa personne
  • Par la diabolisation de la victime
  • Par l’emploi de techniques de disqualification habiles et subtiles suite à des dilemmes insolubles, à des contraintes ou des injonctions paradoxales où l’on dit tout et son contraire
  • Par l’inversion des faits et des responsabilités
  • Par l’inversion accusatoire
  • Par l’absence de prise de responsabilité et de remise en question de l’agresseur
  • Par le mensonge
  • Par la répétition
  • Par la création de combats incessants et inutiles en vue d’amener la confusion
  • Par le cynisme (avec un travail de sape permanent)
  • Par la menace
  • Par la mise en place d’un contrôle total de l’autre qui est épié
  • Par le fait de suivre l’autre de manière répétée
  • Par la projection. Quand le harceleur parle, il projette sur l’autre mais en fait parle de lui.
  • Et enfin tout simplement par le fait d’engager une communication non désirée avec la personne

2. Les moyens utilisés :  

  1. Le verbal c’est à dire : les mots, à l’oral ou au téléphone
  2. La simple présence physique sur tous les lieux où la victime se rend (au travail, chez les médecins, dans ses activités…)
  3. Les écrits sur les réseaux sociaux ou par mail et l’on parle alors de cyber-harcèlement

Tous ces moyens s’exerce par le ou la PN directement ou indirectement : par le biais d’intermédiaires

En conclusion sur cette partie, notons que :

1/ Il y a une réelle prise de pouvoir par l’agresseur, le harceleur, avec une incapacité à sortir de ce schéma. On peut alors parler d’une véritable problématique obsessionnelle et rigide chez l’auteur du harcèlement.

2/ Il s’agit d’une prédation morale consciente et intentionnelle, avec :

-une attaque consciente du moi de l’autre, à petit feu et de manière sournoise

-une prise de pouvoir sur l’autre, par l’instauration de la peur et la disqualification permanente.

– une mise en place de tout un processus accusatoire  visant la destruction morale.

La victime sera ainsi humiliée, rabaissée, négligée, privée de liberté, désapprouvée dans sa capacité de penser et d’adopter des initiatives autonomes

IV/ Quelles sont les conséquences sur les victimes ?

On est ici dans le champ invisible de la violence entrainant de véritables traumatismes psychologiques. On est loin du simple « conflit parental » .  Et il est bon de le rappeler car la confusion est souvent faite.

Comme déjà évoqué, dans les précédents articles/ podcasts, on peut aussi parler de « guerre ».

Ce type de  violence est sournoise et tue de l’intérieur, même si cela ne se voit pas à court terme de l’extérieur, engendrant de véritables traumatismes.

Les effets sont  de réels traumatismes et syndromes de stress post traumatiques tels que dépression, burn-out, anxiété, repli, voire suicide de la victime qui a été poussée à bout.

Le traumatisme affecte donc non seulement les pensées de la victime, mais aussi son comportement : étant souvent dans un état de sidération, elle est figée, bloquée dans ses actions. Enfin son corps en est également impacté : moins de force et d’énergie, présence de troubles somatiques comme par exemple : des troubles allergiques, digestifs, des infections inexpliquées…

Tête, cœur, corps : le tout est lié

V/ Pour une enfance protégée, qu’en est-il des enfants ?

La loi reconnaît qu’il s’agit d’une violence conjugale et domestique à la fois. Cette violence intègre donc les enfants que ce soit les enfants, directement victimes et mêmes témoins.

Un enfant peut être victime de violence conjugale directement ou indirectement, c’est à dire, en tant que témoin.

En effet, « depuis le 7 avril 2011, le Conseil de l’Europe a adopté une Convention contre les violences domestiques », dite « Convention d’Istanbul » qui a été ratifiée par la France en 2014, nous dit encore Maître Hincker. Les violences domestiques incluent, non seulement, le parent victime, mais aussi les enfants victimes au même titre. Ainsi il existe une « véritable triangulation  agresseur-victime-enfant témoin, avec violence à trois ».

L’enfant témoin subit donc le même traumatisme que le parent victime.

De plus, il vit dans un climat de totale insécurité qui nuit à son bon développement comme nous l’avons déjà évoqué dans un précédent article/podcast.

Les conséquences sont donc les mêmes : cela commence tout d’abord des maladies récurrentes, puis des troubles du comportement, pour finir par de véritables traumas de l’enfance.

En conclusion, les enfants doivent donc être accompagnés tant sur le plan psychologique que  juridique.

Quelles sont donc les solutions ? Pour répondre, nous terminerons par une invitation à :

  • consulter un médecin ou un victimologue tant pour soi, en tant que parent, que pour son enfant pour constater médicalement, le traumatisme psychologique
  • consulter un avocat spécialisé, d’autant que ce type de violence est difficile à prouver vue qu’elle se fait à huit clos et que le PN avance masqué
  • prévoir une mise à distance physique
  • prévoir un travail thérapeutique de fond pour reprendre son propre pouvoir

Merci à Maître Laurent Hincker

-Si vous souhaitez aller plus loin sur le sujet, vous pouvez découvrir son livre : « le harcèlement moral dans la vie privée :  Connaître la loi pour mieux l’appliquer », aux éditions L’Harmattan. L’édition de 2017 va être bientôt revisitée.

-Vous pouvez également retrouver Maître Hincker et son équipe, spécialistes sur le sujet du harcèlement moral et des violences psychologiques 

*dans leur cabinet à Paris et Strasbourg (intervenant sur toute la France)

*sur le site : https://www.hincker-associes.com/