Aujourd’hui nous abordons une nouvelle chronique : le pervers narcissique, qui est-il ?
Pour une enfance Protégée.
Si vous êtes victime en tant que parent ou vos enfants, d’un pervers narcissique, une des premières étapes peut consister, déjà, à comprendre de quoi il s’agit. Qui sont-ils et comment procèdent-ils ?
Je pense personnellement qu’il est important d’aborder le sujet de la perversion narcissique étant donné
1/ que leur nombre en France : 5 à 8% est en constante évolution
2/ qu’ils sont partout : déjà enfants à l’école, dans les activités, dans l’entourage amical puis plus tard dans les études et dans le travail, sans compter dans la sphère familiale que ce soit dans la cellule parentale ou cellule plus élargie. Ils sont dans la société en général.
3/ les dégâts qu’ils produisent, bien que la plupart du temps à première vue invisibles, sont importants.
La presse en a beaucoup parlé et la notion a été assez galvaudée.
Dans les institutions, on n’ose pas toujours aborder le sujet ou à l’inverse on ne veut plus en entendre parler.
Or l’enjeu pour moi est le suivant : pour faire face à la perversion narcissique, « Pour une enfance protégée », il nécessite de la connaître, de se renseigner, de comprendre de quoi il s’agit. C’est en allant sur ce chemin de la connaissance, que l’on peut déjà faire un premier grand pas pour s’en sortir . En effet aller sur le chemin de la connaissance n’est -il pas aller sur celui de la prise de conscience ?
Pour ce faire, je propose d’aborder dans un premier temps qui sont les PN ? Quels sont leurs moteurs et leurs armes ? Qu’en est-il vis à vis de leurs enfants ? et Enfin quelles premières pistes pour se sortir de leurs griffes?
- Au cœur de la violence, il existe une organisation archaïque très rigide : LA PERVERSION, celle-ci se différencie en perversion sexuelle, morale ou narcissique.
Nous sommes tous amenés à rencontrer des pervers narcissiques dans notre entourage proche ou plus lointain. C’est quelque chose de fréquent.
Qui est-il ?
Comme je l’ai déjà évoqué, le terme est galvaudé.
En France, la notion de perversion narcissique est une notion relevant de la psychanalyse.
- Le premier à avoir utilisé le terme est Paul-Claude Racamier en 1992. Pour Racamier, la perversion narcissique est définie comme « le besoin et le plaisir prévalent de se faire valoir soi-même aux dépens d’autrui » ou encore comme « un mécanisme inconscient qui vise à faire barrage à un état dépressif latent ou à des conflits intérieurs non réglés et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui. »
Il s’agit donc pour le pervers narcissique, dont le psychisme est absent, d’assurer sa propre immunité et de se valoriser narcissiquement (par rapport à des failles profondes et cachées) en attaquant le moi de l’autre et en jouissant de sa déroute ; en se faisant valoir au détriment d’un objet manipulé comme un faire-valoir.
-Avant 5 ans c’est un enfant avec une personnalité factice pour se conformer à l’autorité parentale
-Adulte il a un cerveau d’enfant avec d’énormes carences affectives et un énorme désir de reconnaissance.
- Selon le docteur Dominique BARBIER, dans« La fabrique de l’Homme Pervers », Paris, Odile Jacob Editeur, 2013, « Le pervers narcissique est un prédateur qui s’avance masqué. Il a fait l’économie d’une position dépressive qui lui aurait permis d’accepter que chacun a une part sombre. Il va donc convoiter et exploiter les qualités de sa victime : extraversion, jovialité, confiance, générosité, capacité à materner et intelligence pour tenter de se les approprier. Il cherche à la dominer dans un jeu de chat et de la souris, puis la dévalorise. C’est un calculateur froid, qui cherchera à détruire sa proie. Pour cela, il utilise un moteur à 2 temps :
- l’emprise sur l’autre
- la jouissance de sa personne qu’il transforme en victime en jouant sur le chaud et le froid ».
- Selon le docteur Marie-France Hirigoyen, « tous les parents aliénants ne sont pas des Pervers Narcissiques ». Dans « le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien », le docteur Hirigoyen explique que « la perversité au sens de la perversion morale, c’est quand l’agresseur cherche à se grandir en rabaissant les autres, en s’attaquant à leur identité et ce de manière répétée. L’agresseur n’existe qu’en cassant sa victime et son entourage. C’est un processus réel de destruction morale. Il n’a ni respect, ni compassion pour l’autre qu’il ne considère pas comme être humain. Cela débute par un abus de pouvoir, se poursuit par un abus narcissique où la victime perd toute estime de soi et peut aboutir parfois à un abus sexuel ».
En conclusion des différents experts, c’est deux choses.
-Dans la perversion narcissique, le pervers, seul, n’a aucune existence. Il s’agit donc d’une pathologie de l’interaction. Le pervers narcissique a “besoin” des autres comme “objets” pour échapper à sa conflictualité interne.
Le PN a une structure de la personnalité où tout est inversé ; une faille narcissique qu’il va combler en aspirant l’autre. Il s’agit donc d’ un réel trouble du comportement mais qui nécessite d’être deux : un PN et une victime qui est partie prenante. Le PN n’a raison d’être qu’avec une victime.
-Autre point à noter : il est bien adapté socialement, c’est d’ailleurs souvent son meilleur déguisement.
Il avance déguisé et masqué quand il est en société portant souvent le masque de grand séducteur et ne se révèle que quand il est seul, face à sa victime, à l’abri du regard des autres.
Merci
- Au Docteur Dominique Barbier
Psychiatre, ancien chef de service des hôpitaux
Psychanalyste, Membre de l’Association lacanienne Internationale
« La fabrique de l’Homme Pervers », Paris, Odile Jacob Editeur, 2013
https://www.docteur-dominique-barbier.fr/
- Au Docteur Marie-France Hirigoyen
Psychiatre, Psychanalyste et Psychothérapeute familiale
« le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien »
Bienvenue sur le site de Marie-France Hirigoyen