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Little lawyer with scales of justice on color background

Pervers Narcissique & Justice

Lorsque l’on est victime de  Pervers Narcissique, un des moyens de s’en sortir, c’est de s’en séparer afin que la relation toxique et les violences cessent.

Les victimes de pervers narcissique, sont,  la plupart du temps, a minima victimes de violences psychologiques (cf article sur communication du PN).  Le Pervers Narcissique dévalorise, humilie, ment et détruit sa victime à répétition exerçant un véritable harcèlement moral – que ce soit le conjoint ou ses propres enfants. 

Bien que les violences psychologiques soient difficiles à prouver, il est clé de saisir la justice et d’être accompagné sur le plan juridique tant pour soi, en tant que parent, que pour son/ ses enfants, pour se protéger.

I/ Quels sont les enjeux lors des procédures de séparation avec un PN ?

II/ Quelles sont les procédures ?

III/ Quelles sont les solutions ?

I/ Séparation avec un PN, la justice est clé

La justice va fixer un cadre nécessaire, sans quoi le pervers narcissique , continuera à nuire et à atteindre sa victime, étant totalement dépendant du lien avec celle-ci. (cf article sur fonctionnement du PN)

Pour autant, comme évoqué dans les deux précédents articles, les procédures de séparation avec un PN, sont souvent longues, couteuses et énergétivores. Pourquoi ?

Parce qu’il existe trois enjeux dans les séparations avec un PN.

🍀 La perversion narcissique n’est pas reconnue, en France

🍀 La justice, parfois non formée au sujet, est souvent instrumentalisée par le PN

🍀 Il n’existe pas de procédure spécifique traitant les cas de séparation avec un Pervers Narcissique

1/ La perversion narcissique n’est pas reconnue en France

Le diagnostic de la perversion narcissique n’étant pas reconnu, en France, le renvoi à une telle qualification n’a pas de fondement juridique. Il est même déconseillé de renvoyer à une telle notion ; la plupart des séparations étant conflictuelles, beaucoup utilisent ce terme de pervers narcissique à mauvais escient.

La psychanalyse avec notamment, Paul Claude Racamier, la définit comme un trouble du comportement.

Le PN est un prédateur qui s’avance masqué. Pour dissimuler un vide psychique, il cherche constamment à détruire sa proie qu’il considère comme objet.

Comme nous l’avons vu, dans le précédent article, la destruction est menée tant vis à vis du parent victime que de ses propres enfants victimes et ce soit directement, soit indirectement par l’utilisation d’intermédiaires qui viennent ajouter de l’huile sur le feu.

L’enfant est utilisé par le PN pour atteindre le parent protecteur ; il est d’abord victime d’emprise pour ensuite être détruit.

Il en résulte donc un point : toute démarche juridique vise à réparer un conflit, mais la question qui se pose ici est celle d’un nœud psychologique à résoudre, nœud résultant de la construction même du pervers narcissique, depuis sa plus petite enfance.

2/ La justice peu formée au sujet, est très souvent instrumentalisée par le PN

Le PN n’a de cesse de se présenter, aux yeux des instances, lors des différentes enquêtes, sous son meilleur jour, inventant un profile parfais. Il arrive très souvent qu’il passe, à court terme, à travers les mailles du filet aux yeux de ces différentes instances (police, services sociaux, services d’investigations , magistrats et même experts psychiatriques). Pourquoi ?

Il dispose d’armes comme notamment la parole, la manipulation et enfin un sens psychologique extraordinaire lui permettant de saisir l’autre. Il va donc utiliser ces armes auprès des instances juridiques qui n’y voient très souvent que du feu.

  • Dans son schéma manipulatoire, « triangle de Karpman », Le PN va constamment se poser en victime, se plaindre déplaçant le débat sur le comportement inadéquat de la victime qui lui veut du mal… Il excelle dans l’art de la parole, dans l’inversion des faits et la projection sur l’autre.
  • il essayera de noyer les instances juridiques en les plaçant dans la confusion par l’énonciation d’un tas de difficultés et de conflits artificiels qu’il a lui-même crées. (Conflits sur la crèche, l’école, les soins médicaux, les horaires de garde, les congés…)
  • Menant une parfaite stratégie de diversion, les regards sont alors portés sur la victime, démontrant par des arguments totalement bidons en quoi la victime ne respecte pas des points clés très attendus par la justice comme le « respect de  l’autorité parentale », « l’intérêt de l’enfant », « le droit du père ou de la mère », la « coparentalité » etc…etc…se positionnant bien évidemment en parent bafoué de ses droits. 
  • Mis devant les faits concrets,
  1. il n’hésitera pas à faire des promesses : comme les promesses de changer – qu’il ne tiendra pas.
  2. ou à feindre l’innocence – « il/elle ne savait pas »

Il est donc courant qu’il passe au début à travers les mailles du filet.

A cela, s’ajoute la difficulté que la violence psychologique est très difficile à prouver, vue qu’elle se fait à huit clos.

Par conséquent, face à un intérêt soudain du parent PN vis à vis de ses enfants, les instances diront : il faut lui laisser une chance…Face à des enfants victimes qui relatent des faits, les instances pourront dire qu’ils mentent…

Il en résulte donc une durée et une accumulation des procédures, dans le temps ,afin de démontrer la réalité des faits et des comportements dysfonctionnant du PN.

3/ Il n’existe pas de procédure spécifique dans les cas de séparations avec un PN

En amont, Il existe 3 sortes de séparations :

  • les séparations où cela se passe bien : capacité du couple à éviter les rivalités et prise en considération du bien de l’enfant.
  • Les séparations plus difficiles : un divorce sur 3 est conflictuel. Il nécessite un accompagnement thérapeutique des parents et des enfants.
  • Les séparations dans les cas de « guerre ». Ces séparations dites violentes représentent 15% des séparations.

Les séparations avec un pervers narcissique sont violentes.

Dans les cas de séparation, le Juge aux affaires familiales est saisi.

Le JAF statue sur un conflit et a pour rôle de veiller à la coparentalité et à faire en sorte que la séparation se passe dans l’apaisement. Le JAF statut sur une pension, un lieu d’hébergement et enfin un droit de garde puis plus tard sur un jugement de divorce et souvent une prestation compensatoire. Pour ce faire, il peut ordonner différentes mesures : médiation, enquête sociale, expertises psychologiques ou psychiatriques…

Il est fréquent de voir le PN très favorable à toutes ces procédures. Car, comme nous l’avons déjà vu, ce sera pour lui l’opportunité d’instrumentaliser la justice, de se positionner en victime et d’exercer son art de la manipulation tout en maintenant un lien avec la victime.

  • l’expertise psychologique ou psychiatrique. Elles sont importantes car elles peuvent permettre de mettre en lumière une boucle psychologique. Mais elles nécessitent d’avoir non seulement des experts formés sur le sujet  mais aussi des modalités respectées ; à savoir :

-neutralité de l’expert qui n’est pas censé connaître les procédures en cours, pour se forger un avis à partir de son analyse propre

– durée suffisamment longue de 4 à 6 mois avec fixation d’objectifs :  le temps que l’expert puissent vérifier la congruance de ce qui est dit et fait. Car n’oublions pas que le PN sait avant tout manier le verbe. Il excelle dans l’art du discours et du mensonge. Il saura donc inventer un profile parfait, sans faute, où le coupable c’est l’autre, lui étant la victime dans tout cela. Il conviendra de confronter son discours à la réalité des faits et des actes. Ceci n’est possible qu’en dynamique.

-expertise et analyse systémique c’est à dire expertise des liens familiaux vs une expertise individuelle.

Ce que l’on vient chercher ce sont les jeux relationnels entre les enfants et leurs parents, entre les parents, voire dans la famille plus élargie si d’autres membres jouent un rôle important auprès des enfants.

  • La médiation. Le juge peut solliciter une médiation pour tenter de faire dialoguer les parents entre eux. L’objectif est de créer le dialogue entre les parents, dans l’intérêt de l’enfant.

Or le dialogue avec un pervers est-il possible ?

Le dialogue nécessite d’être sur un plan d’ouverture et de non jugement. Mais le pervers ne peut sortir de son schéma de persécuteur, victime, sauveur : schéma de la manipulation. Son discours étant basé sur fond de mensonge, double discours, réponses floues, accusations, victimisation…comment dialoguer dans ce contexte ? De plus, la parole, pour le PN, n’a pas pour but l’échange et d’aboutir à quelque chose, mais au contraire, le pouvoir et l’emprise sur l’autre.

Enfin méditation dans l’intérêt de l’enfant, implique l’enfant d’abord et non l’intérêt égoïste du parent, ce qui dans le cas de la perversion est utopique.

Dans ce contexte, il convient de se poser la question de l’intérêt, voire du bienfait de la médiation.

En plus du JAF, il est possible d’avoir recours au juge pour enfant qui ordonne souvent des mesures du type enquête par les services sociaux.

En conclusion, les procédures sont longues tant pour le parent victime que pour les enfants mais elles sont essentielles pour fixer un cadre que le PN devra respecter et il existe au sein des instances juridiques des personnes formées sur le sujet.

Pour la suite, on peut néanmoins ouvrir le débat au travers de 4 questions :

1/ Quid d’avoir des mesures adaptées dans le cadre de séparation dites « de guerre » notamment avec un PN tant pour le parent que pour les enfants afin de réduire la violence et durée des procédures?

2/ Pour une enfance protégée : lors des séparations, les juges sont mandatés pour maintenir le lien parents/ enfants. Les décisions de justice d’ailleurs prises par le JAF conduisent la plupart du temps, à la mise en place de la garde alternée.

-Quid de mesures adaptées dans ces cas de séparation pour protéger les enfants de PN ? Car comme nous l’avons vu, la relation d’un PN avec son enfant est avant tout une relation d’emprise.

-Quid de mesures dans l’intérêt supérieur de l’enfant ?

3/ Comment régler la boucle psychologique du PN lors des séparations ?

4/ Quid d’un travail en équipe pluridisciplinaire avec professionnels spécialisés sur le sujet parmi avocats/ juges/experts psychologiques/ services sociaux ?

III. Solutions :  en attendant, je repose l’importance pour les victimes :

1/ de se faire accompagner par des avocats spécialisés sur le sujet qui connaissent parfaitement les rouages du système du PN

2/ d’un accompagnement thérapeutique des victimes parents et enfants par des thérapeutes spécialisés sur le sujet