Annasyo

Close-up of small daughter hugging her mother.

Trouble de stress post traumatique de l’enfant

Dans cette série sur le stress et le trauma, découvrez une nouvelle thématique : le trouble de stress post traumatique de l’enfant. De 3 jours à un mois, on parle de « trouble de stress aigu ». Au- delà d’un mois, on parle de « trouble de stress post traumatique ». Les enfants peuvent aussi être victimes de trouble du stress post traumatique.

I. Que signifie le Trouble de stress post traumatique ?

Les manuels internationaux (tels que le DSM-5) définissent le Trouble de Stress Post traumatique comme « une exposition à la mort ou à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles selon les modalités suivantes : exposition directe ou exposition en tant que témoin direct ou par le récit, quand l’événement traumatique concerne un proche … ».

Dans le cadre des violences intrafamiliales, ce point rejoint celui inscrit dans la Convention d’Istanbul et la loi du 09 juillet 2010, où l’enfant est considéré en danger et victime en tant que victime directe ainsi que en tant que témoin.

Dans la CIM-11, autre manuel de psychiatrie, entrée en vigueur en janvier 2022, la définition du Trouble de stress post traumatique est plus ouverte : il s’agit «d’une exposition à un événement menaçant ou terrifiant ou bien à une série d’événements de ce type ».

Ce qui conditionne le traumatisme de l’enfant, c’est son âge ainsi que sa capacité à y faire face sur le plan physiologique et moteur.

II/ Quelles sont les conditions pour qu’il y ait Trouble de stress post traumatique de l’enfant?

Pour qu’il y ait trouble de stress post traumatique, 5 catégories doivent être réunies

  • 1/ La nature de l’événement traumatique :

il existe divers événements pouvant être traumatiques pour un enfant :

  1. Les événements de type catastrophes naturelles, accidents domestiques graves (comme les attaques de chiens), les incendies, les procédures médicales invasives
  1. Evénements intentionnels : les violences verbales (injures, hurlements, silences), psychiques (harcèlement, manipulation, menaces, chantage…), physiques (atteintes à l’intégralité corporelle, blessures corporelles), sexuelles (viols et agressions sexuelles, inceste, harcèlement sexuel…), les violences conjugales et familiales, les violences économiques avec privation de ressources, les négligences et privations de soins, les agressions, les guerres et les attentats.

Plus les violences sont intentionnelles, c’est-à-dire qu’elles ont pour but de contraindre et de dégrader l’autre pour le soumettre, plus elles sont traumatogènes pour un enfant, notamment si l’agresseur est un proche de l’enfant, censé le protéger. Les violences sexuelles, les violences familiales et les violences conjugales, altèrent les liens familiaux et entraînent des troubles psychotraumatiques importants pour l’enfant. Quand les événements ont un effet traumatique sur lui, ils produisent un effroi de l’enfant, qui est débordé et ne peut plus faire face à la situation. Ils produisent également un effet sur son système de croyances. L’enfant se sentait protégé avec une croyance d’invulnérabilité de ses parents, capables de le protéger. Dans le cas de violences intrafamiliales, ses croyances volent en éclat.

  • 2/ Des symptômes précis :

On distingue 4 symptômes :

  • Les reviviscences : la réactualisation du traumatisme que l’enfant revit au présent avec la même détresse. Elles se manifestent par des souvenirs répétitifs, des pensées intrusives, des flash-backs, des cauchemars à répétition et une profonde détresse quand un indice rappelle l’événement.
  • L’évitement : il s’agit pour lui d’éviter tout ce qui pourrait lui rappeler l’événement : des endroits, des activités, des personnes, des conversations…
  • L’état d’hyper alerte/ hyper activité neurovégétative. Cet état se manifeste notamment par une attitude d’hyper vigilance anxieuse par rapport à son environnement, des réactions de sursaut, une difficulté à se concentrer, des troubles du sommeil, de l’alimentation, de l’irritabilité et des accès de colère.
  • et enfin une dysrégulation émotionnelle qui se manifeste par des émotions négatives telles que la douleur, la tristesse, la colère voire la rage, très souvent la honte, le dégoût et la culpabilité, ainsi que par des comportements soit hyperactifs, opposants et agressifs soit de l’inhibition. A noter encore les conduites de répétition et les jeux répétitifs.

III/ Quels sont les types de Troubles du stress post traumatiques ?

L’enfant peut être victime d’un événement traumatique ponctuel, une agression. Il peut alors développement un trouble de stress post traumatique simple. Mais il peut aussi être victime d’événements traumatiques répétés -notamment issus des abus physiques, psychologiques, des violences conjugales ou encore sexuelles. Il subit alors ce que l’on appelle un trouble de stress post traumatique dit « complexe », face auquel, il se sent impuissant. Il va donc mettre en place des mécanismes rigides de défense comme de déni de la réalité, le clivage et la dissociation ; avec restriction de son champ de conscience, amnésie dissociative avec oubli d’un fait important et parfois oubli de la situation traumatique, déréalisation, dépersonnalisation, un temps vécu au ralenti …

Il en résulte donc pour lui :

  • des symptômes du trouble de stress post traumatique souvent accompagnés de comorbidités : troubles de l’humeur avec état dépressif et troubles anxieux (pouvant comprendre des phobies spécifiques, des phobies scolaires, des phobies sociales, de l’agoraphobie ou encore un trouble anxieux généralisé) mais aussi : une difficulté attentionnelle, des troubles du comportement, l’addiction et troubles oppositionnels
  • des manifestations psychosomatiques(douleurs abdominales, céphalées). Chez l’enfant comme chez l’adulte, le corps vient exprimer une souffrance psychique.
  • Des réactions psychologiques avec notamment un sentiment d’arbitraire, une culpabilité, des jeux répétitifs, une altération du sentiment d’appartenance

En conclusion, comme évoqué dans le précédent podcast sur les effets du stress sur l’organisme, en cas de Trouble de stress post traumatique, il en résulte alors des symptômes tant au niveau du cerveau que de la physiologie globale de l’enfant ou de l’adulte.

IV. Annasyo, pour une enfance protégée, c’est l’enfant au coeur du sujet, Quelles sont donc les solutions ?

1. Le premier point, c’est déjà l’importance de la réaction parentale et le besoin fondamental d’apporter soutien à l’enfant. Il est essentiel de pouvoir lui apporter sécurité et amour.

2. Le deuxième point, sous-jacent, c’est aussi l’importance que le parent se sente également en sécurité et protégé, qu’il prenne soin de lui pour pouvoir être un véritable soutien pour son enfant.

3. Le Trouble de stress post traumatique se développe suite à une exposition à un événement traumatique . Il convient donc de pouvoir agir sur l’exposition même à cet événement pour en stopper sa menace directe, son intensité, sa durée, son intentionnalité. Il est donc essentiel de le protéger et de le mettre à l’écart de la menace et de ce qui est à l’origine de son psychotraumatisme.

4. Le soin. Le soin du psychotrauma est possible par la psychothérapie mais aussi par une approche globale du psychotrauma dans son ensemble (au niveau du cerveau, puisque le trauma est une blessure dans le cerveau et au niveau du corps). Pour aller plus loin sur le traitement du psychotrauma au niveau du cerveau, je vous donne rendez-vous dans le prochain podcast pour en parler avec Stéphanie Khalfa qui a développé la thérapie Mosaic.

A bientôt !

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